Dans mon billet anniversaire des 10 ans de mon blog en juillet, je précisais que je continuais à bloguer mais sans garantie pour les années à venir. Finalement 10 ans c'est un beau chiffre et je vais m'arrêter là.

En revanche vous pourrez me suivre sur Babelio sous le pseudo Cathe où j'ai pris mes marques et déjà retrouvé un certain nombre d'entre vous. C'est un réseau social très vivant où j'ai déjà beaucoup d'échanges sans la contrainte éditoriale d'un blog et j'y retrouve même un peu de l'esprit de mon cher Zazieweb !

Je copie mes critiques, celles de mon blog mais aussi celle de mon site d'avant, et c'est passionnant de se replonger dans les lectures d'il y a 13 ou 14 ans. Certains livres restent très présents à mon esprit, pour d'autres je mettrais ma main au feu que je ne les ai jamais lus...

Et bien sûr je continuerai à venir sur les blogs de ceux qui ne sont pas sur Babelio !

Donc pas d'adieu, juste une "migration" (c'est d'actualité!)

En 2011, quelque temps après le voyage à Kerguelen, l'Institut polaire français propose à Emmanuel Lepage et à son frère François, photographe, de repartir en Antarctique. Cette fois c'est encore plus excitant pour eux car il s'agit de participer à une mission scientifique sur la base française Dumont d'Urville en Terre-Adélie. En plus d'être là comme "voyageur", ils vont aussi être chauffeurs pour le fameux "raid de ravitaillement" au cœur même de l'Antarctique, LA grande aventure polaire.

Comme Voyage aux Iles de la Désolation, cette bande dessinée est une véritable merveille ! Le scénario d'abord, ce voyage qui doit se faire, puis est repoussé, puis enfin ils sont là-bas. Mais ils ne vont pas pouvoir faire le Raid pour des raisons de météo, et finalement ils le font. Et là ce périple dans ces énormes camions sur la terre gelée à des centaines de km de toute activité humaine, est proprement époustouflant, "l'aventure d 'une vie" comme ils le disent tous les deux.

Mais cette histoire ne serait rien sans les formidables dessins et photos des deux frères ! La profusion de dessins noirs et blancs, sepia, en couleurs, et de photos qui répondent aux dessins, crée un univers complètement magique. Les murs d'icebergs, les traces sur la glace, les personnages, les énormes camions tels des monstres, les glaces qui bloquent le bateau, tout est prétexte à dessiner et à photographier et on ne se lasse pas de feuilleter ce livre qui est bien plus qu'une bande dessinée, plutôt un récit de voyage illustré par deux artistes très inspirés ! Un livre à lire, à relire et à offrir !

L'avis de Gambadou

1944. Marianne court, poursuivie par la foule. Son crime : avoir eu un enfant avec un Allemand. Les habitants vont l'attraper, la lyncher et la tondre, c'est le châtiment.

2015 : Garance, jeune femme capitaine de gendarmerie, va s'occuper d'un meurtre. Un jeune prof d'histoire, Mehdi Azem, est retrouvé mort près d'un village. A proximité, trois maisons qui appartenaient à la même famille. Il avait acheté la première. La seconde appartient à Rose Marceau et sa mère Colette, nonagénaire. La troisième aux cousins, le père, sa femme et ses trois enfants.

L'histoire va se poursuivre avec, en parallèle, les événements de 1944 et ceux d'aujourd'hui. On découvre la période trouble de l'Occupation avec les rivalités et les jalousies qui se déchaînent. Et on se rend compte qu'aujourd'hui encore c'est difficile pour un prof d'histoire d'évoquer le thème de la Collaboration sans déclencher des tempêtes dans les familles concernées.

Très bon polar bien rythmé qui associe avec beaucoup de talent le présent et le passé. J'avoue que je l'ai lu de manière inhabituelle : j'ai d'abord lu tous les chapitres sur la guerre, puis tous ceux qui se passent aujourd'hui ! Et, miracle, ça fonctionne quand même grâce à un excellent dénouement de dernière minute ! Une auteur que je ne connaissais pas et dont je vais m'empresser de lire les autres polars.

L'avis de Dominique

Dans le Nord, sur une zone industrielle portuaire, là où les usines, les friches et les entrepôts abandonnés forment un paysage hors du temps, les habitants vivent au jour le jour. Mona qui vit avec son père, Cyril, dans une caravane. Wilfried dont le seul plaisir est le surf casting. Gilles qui cherche à tuer un phoque pour enfin faire plaisir à son père dévasté par ses années de chômage. La misère économique et affective est partout. Sauf peut-être chez Louis qui est élevé par son oncle Michel et reçoit beaucoup l'amour...

Pascal Dessaint décrit un univers désespéré où le malheur des gens vient autant de leurs difficultés financières que de leur misère affective. Peu d'amour réel et généreux mais des petits arrangements, des hasards malheureux et des vengeances tragiques. Le tout forme un tableau très noir. Seuls les trois adolescents gardent un peu d'espoir dans l'avenir malgré l'atmosphère sombre. Pour deux d'entre eux il y aura une lueur... L'auteur a décidément beaucoup de tendresse pour ses personnages paumés, un peu à la "Olivier Adam", et il a le grand mérite de faire de ces "invisibles" de réels personnages de roman !

Suite au commentaire de Cathulu, je précise en effet qu'il y a aussi de l'humour, très noir mais de l'humour ! En fait il y a aussi un côté déjanté qui, quand je l'ai lu, m'a fait penser aux romans de Pascal Garnier. Avis aux amateurs...;-)

L'avis très enthousiaste de Clara et de Cathulu

Pascal Dessaint à Saint-Malo en juin dernier

Si j'avais encore un doute, là c'est sûr je fais partie des dinosaures de la blogosphère !!!! Avec Clarabel , Sandrine et Allie notamment dont les blogs datent de 2005, 2004 et 2003 ! Une petite pensée pour le Biblioblog qui a fermé cette année pour ses 10 ans !

C'est sûr que l'engouement et la frénésie du début (un billet par jour, des challenges, des questionnaires, des rencontres,...) ont laissé la place à un rythme plus tranquille, moins régulier, mais qui ressemble à ma manière de lire. Parfois de la frénésie mais aussi parfois des moments de calme plat où je fais autre chose. Et ne pas s'obliger à lire pour alimenter son blog est pour moi une des manières de faire durer celui-ci !

Aurais-je atteint ces dix ans si je n'avais pas été bibliothécaire et si les deux, vie privée et métier, ne s'étaient pas confondus dans ce désir de garder trace de mes lectures ? Car ce blog me permet aussi d'alimenter le portail de la médiathèque avec mes coups de coeur, d'aller les enregistrer à la radio locale, de conseiller les lecteurs bien sûr... Dans quelques années quand je ne serai plus en activité, garderai-je ce lieu ?....

Mais une chose est sûre : je continuerai à aller voir vos blogs chaque jour ou presque. Même si je n'en ajoute plus beaucoup de nouveaux, j'en suis régulièrement une bonne quarantaine et j'ai le plaisir de connaître certains et certaines d'entre vous, et ce sont toujours de belles rencontres.

En tout cas pour le moment je continue avec plaisir d'alimenter ce blog car s'interroger sur la manière dont on va parler d'un livre est aussi un des plaisirs de la lecture....

Bel été à tous et toutes. Mais j'ai encore quelques billets prêts avant mon départ en vacances...

Saskia est adolescente et est mal dans sa peau. Pas vraiment grosse mais quand même très enrobée, elle ne s'aime pas et sait qu'elle ne peut pas plaire. Pourtant elle ne peut s'empêcher de manger avec gourmandise tout ce qui lui tombe sous la main. Elle s'en accommode jusqu'à ce que des garçons de sa classe lui fassent des remarques désagréables et entreprennent même d'en parler sur Internet. En même temps elle se rend compte qu'un de ses copains de classe prend plaisir à la raccompagner chez elle....

Ce roman est une vraie réussite car il analyse finement ce qu'il y a dans la tête d'une adolescente qui ne se sent pas bien et ne réussit pas à inverser la situation. Avec beaucoup de finesse, sans manichéisme, en effet elle reconnait qu'elle-même se complait dans cette posture, on voit le mécanisme de harcèlement se mettre en place et la difficulté qu'il y a à s'en sortir. Tous les caractères sont bien observés et ce roman pourra plaire à la fois aux jeunes souvent mal dans leur peau pendant cette période de leur vie, et aussi aux parents bien démunis dans cette situation ! C'est le troisième roman que je lis de cet auteur et à chaque fois c'est un vrai coup de cœur !

Coup de cœur aussi pour Noukette et Jérôme

Cette fois, Voltaire est en "exil" en Lorraine à cause de ses écrits, mais il ne peut s'empêcher de revenir à Paris pour venir en aide à sa chère Emilie du Châtelet. En effet celle-ci vient de trouver un cadavre dans son placard (au sens propre !). Cependant Voltaire est interdit de séjour à Paris et il devra se montrer très discret pour ne pas être arrêté. La solution qu'il choisit est de se déguiser en femme, il peut ainsi passer relativement inaperçu et nous donner, en prime, quelques maximes pleines d'esprit sur le fait que l'on peut réfléchir tout en ayant une jupe...Hérault, le lieutenant général de police, saura fermer les yeux sur ses frasques puisque celui-ci fait son boulot en traquant le meurtrier...

Cet opus, le cinquième, est particulièrement enlevé et on se régale à observer Voltaire faisant preuve d'esprit et souvent de férocité envers ses contemporains ! Il est toujours égocentrique, persuadé de sa supériorité sur tout et tous, jamais à cours d'idée mais toujours là pour faire surgir la vérité !

C'est en regardant le film Gasland que Sylvain Lapoix a son premier contact avec les gaz de schiste. Considérés comme une alternative au pétrole qui vient à manquer, ils seraient la solution aux problèmes d'énergie du futur. Mais, car il y a un mais, son système d'exploitation, la fracturation hydraulique, pollue les nappes phréatiques et rend les terrains exploités impropres à la culture et l'eau non potable. Le film montre les dégâts que cela occasionne en filmant l'eau polluée... s'enflammer toute seule en sortant du robinet ! Les industriels responsables des forages assurent que cette eau est parfaitement potable.. mais refusent d'en boire devant la caméra...

Dans cette bande dessinée, Sylvain Lapoix reprend tout l'historique de la découverte des propriété des gaz de schiste, les recherches, les forages, les demandes d'autorisation d'exploitation, les lobbies qui font pression sur les politiques, les politiques qui acceptent tout du moment que ça peut procurer des emplois... C'est une formidable histoire des gaz de schiste du début du siècle à nos jours qui montre, grâce au dessin, la transformation des paysages une fois qu'ils ont été forés : des étendues désertiques surmontées des puits de forage. C'est un vrai ouvrage documentaire passionnant de bout en bout que l'on a envie d'offrir autour de soi !

En complément, le film Gasland

Dans ce livre, l'éditeur nous propose une douzaine de nouvelles inédites de Lawrence Block ayant pour héros Matt Scudder. Grande figure du héros de polar américain, Matt Scudder est un ancien flic qui a quitté la police après avoir tué accidentellement une fillette lors d'une fusillade. Cet accident détruit sa vie personnelle, il divorce, ne voit presque plus ses enfants et devient détective privé et alcoolique. Ce n'est que bien plus tard qu'il essaiera d'arrêter de boire et qu'il commencera à fréquenter assidument les réunions des Alcooliques Anonymes.

Ces nouvelles, écrites à différents moments de la vie de Scudder, sont un bon résumé de l'évolution de sa vie et il ravira ses fans dont je fais partie ! C'est à mon avis le personnage de privé qui a le plus d'épaisseur psychologique dans la littérature policière. Ici nous le retrouvons à différents moments de sa vie, soit au début quand il est encore un pilier de bar et qu'il doit démêler les histoires d'autres marginaux. Soit quand il est plus "clean" et qu'il traite des affaires avec beaucoup de diplomatie. En bon privé, il va toujours chercher la vérité plutôt que le coupable, quitte même à modifier un peu les faits et à aider un peu la réalité pour rester fidèle à ses convictions et à son humanité.

Dans la postface, Lawrence Block nous raconte à quels moments ces nouvelles on été écrites et pourquoi il ne réussit pas à abandonner son héros...

L'avis du Blog du polar

Gabriel, dit le Poulpe, se morfond à Paris sans Cheryl. Une annonce attire son attention : dans le massif de la Chartreuse, un jeune homme a été retrouvé mort attaché à une croix avec l'inscription 'Stat crux". Il part là-bas sous prétexte d'écrire un roman policier et essaie se s'acclimater au village, nourri comme un coq en pâte dans l'auberge locale. Il apprend que régulièrement les croix des sommets sont détruites. Ce qui n'était qu'un jeu devient inquiétant après ce meurtre. Mais visiblement Gabriel se mêle de ce qui ne le regarde pas car lui aussi est menacé de mort...

J'aime de temps en temps retrouver le Poulpe et sa nonchalance. Ici il est quand même bien bousculé par les locaux de ce village qui veulent bien des touristes mais pas des curieux. Un petit coup de griffe au passage (gentil le coup de griffe) sur les écolos-marginaux, et l'auteur nous entraîne dans une intrigue fort sympathique !